Le blog d’un instit en week-end ou en vacances…
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L’ennui, ce luxe.

Je sors de 15 jours de vacances. Non, pas ces moments réservés à l’avance auprès d’une agence de voyage, minutés et programmés pour s’occuper et se dépayser, mais de vraies vacances, du repos !

Je n’arrive pas à expliquer le pourquoi, mais ces vacances étaient presque vierges de tout programme. Il y avait bien quelques rendez-vous programmés de longue date, mais dans l’ensemble, j’en ai vraiment profité pour … ne rien faire !

Je me souviens, quand j’étais petit, il m’arrivait de m’ennuyer. Parfois, « pour du faux », juste parce que j’avais une idée en tête. L’ennui apparaissait aux yeux de mes parents comme un argument pour faire ce que je désirais.

« Maman, je m’ennuie… Je peux aller chez Kévin ? »

Croyez-moi, ça marchait souvent. Au pire, il fallait ajouter un subtil « Papa est d’accord ».

Puis il y avait aussi le vrai ennui, celui dont je ne me plaignais pas : ces moments où il n’y avait rien à faire, et où je passais le temps simplement à lire une BD, à regarder les nuages allongé dans l’herbe ou à jouer avec mes petites voitures. Ah le bon temps !

Ces vacances, j’ai eu l’impression de retrouver un peu cet ennui bénéfique, celui du temps disponible, non compté. Traîner devant l’ordi ? Possible ! Regarder des téléfilms idiots sur M6 en milieu d’après-midi ? Possible ! Lire des BD ? Bien-sûr ! Regarder les nuages, allongé dans le sable après une bonne balade à vélo ? Fait ! Rassurez-vous (ou non), je n’ai ressorti ni mes legos, ni mes trains électriques…

Pourquoi cet ennui me semble-t-il si précieux ? Il permet au corps de suivre son rythme naturel, à l’esprit de vagabonder là où il n’a pas le temps d’aller le reste de l’année, et au cerveau de se déconnecter quelques temps des exigences extérieures trop importantes.

Alors après des vacances tellement ennuyeuses, me voilà prêt pour reprendre le rythme effréné du quotidien, parfois presque irrespirable. A vrai dire, je suis bien motivé à retrouver des occupations variées et passionnantes, mais aurais-je encore le temps de m’ennuyer parfois lorsque la classe aura repris ?

Si vraiment je n’y arrive pas, j’ajouterai à mon emploi du temps 5 minutes d’ennui obligatoire en classe, car si l’école n’apprend pas aux enfants à s’ennuyer, qui le fera ?

Et vous, vous arrive-t-il de prendre plaisir à l’ennui ?

6 commentaires

1 Jennepin { 28.04.13 à 17:53 }

Bonsoir ,bel éloge à l’ennui .. Le mettre dans les programmes ….c’est innovant , non ..
De toutes les façons l’ennui porte conseil G. Cesbron .

2 ah-kiem { 28.04.13 à 19:06 }

C’est ce que je vais essayer de faire la deuxième semaine de vacances !
Je n’ai pas vu passer la première : je ne me suis pas ennuyé mais je ne regrette pas ce que j’ai fait ! Aider à retaper la maison de Clo et Ju qui ont emmenagé ce WE ,)

3 Antony { 28.04.13 à 22:04 }

J’ai eu cette idée un jour de mettre mon entreprise en sommeil, ma maison en location et de partir avec ma petite famille 10 mois en Andalousie. Mon épouse trouvait toutes les semaines une chose à faire, un business à créer, etc… Tandis que moi je n’ai RIEN FAIT! Bref, maintenant je sais, que, je sais ne rien faire, c’est TOP.

4 Lidwine { 01.05.13 à 16:07 }

Moi aussiiiii je sais ne rien faire Antony. On a tout compris ;)

C’est de l’ennui mais sans s’ennuyer. Peut-on parler de paresse ? Car s’ennuyer est une chose, mais l’apprécier en est une autre.

Ça faisait longtemps que nous n’avions pas lu un texte de ta « plume » Jyaire. C’est donc pas mal quand tu t’ennuie ;)

5 JR { 06.05.13 à 21:59 }

Merci pour vos petits commentaires que je lis un peu tard… Que voulez-vous, plus le temps de m’ennuyer, alors je ne prends plus le temps de traîner sur mon blog !

J’aime bien la citation « L’ennui porte conseil ». Outre le jeu de mot, il y a une part de vérité là-dedans…

6 Pr Stéphane Feye { 05.06.13 à 12:55 }

Il ne faut pas confondre l’ennui ponctuel, dû à la naturelle propension d’un enfant préférant le jeu à l’écoute d’un professeur, et l’ennui récurrent ou continuel. Si le premier demande simplement un peu d’adaptation et de maturité de la part de l’élève, le deuxième est dû, le plus souvent, à des programmes que je qualifierais non seulement de débiles mais même de volontairement débilisants. Nos États anonymes, en effet, se réservent le droit de « formater » les jeunes en vue de les faire devenir « des citoyens responsables dans la vie banale de tous les jours ». Cette citation n’est pas de mon invention mais se trouve dans les « Socles de Compétence » de l’Enseignement belge.
Impossible donc, dans cette dictature, de passionner les enfants pour la véritable poésie, la mythologie, les arts et la pensée qui ont nourri et passionné nos ancêtres.
Je le constate par expérience: Depuis 20 ans je dirige une école indépendante que j’ai fondée (SCHOLA NOVA) à la visite de laquelle je convie tous ceux qui douteraient de mes propos. Les élèves y PARLENT LE LATIN avec passion, même les plus petits. Ils sont fous de mythologie, de théâtre, de musique et d’arts plastiques. Certes, parfois , l’ennui ponctuel y existe, mais de grâce, croyez-moi: un enfant se moque des problèmes de racisme, du manque de débouchés, des crises économiques ou du mariage pour tous. Ulysse, Abraham, Bach, Vigny, Raphaël, etc. les passionnent. C’est un véritable génocide de les transformer en machines contemporaines à consommer des idéologies inconsistantes et changeantes imposées par des programmes de formatage de (soi-disant) bons citoyens. Ils auront tout le temps plus tard de devenir de vrais et honnêtes citoyens, de devoir travailler à entretenir leur famille et de payer leurs contributions. Mais cela n’est pas la matière de l’Enseignement. Voilà pourquoi ils s’ennuient fondamentalement: on les tue, et puis on s’étonne de ne plus voir apparaître de Balzac ou de Mozart! Triste, triste époque!