Le blog d’un instit en week-end ou en vacances…
Image aléatoire... Actualiser pour en voir d'autres !

Category — Mes humeurs

Prends ma place, mon vieux !

Hier, j’étais debout dans une rame du métro parisien, avec ma valise et mon sac-à-dos.
Une place se libère, et là, une jeune fille, debout elle aussi, m’interpelle : “Monsieur, monsieur !”, en me montrant le siège vide.

Je lui souris et la remercie en lui indiquant que je vais bien et qu’elle peut s’y asseoir.

Mais au fond de moi, non, ça ne va pas : c’est la première fois qu’on me propose une place dans le métro. Je n’en tire qu’une seule conclusion : je vieillis !

Certes j’ai dépassé la quarantaine l’an dernier. Certes j’ai quelques mèches blanches qui se perdent dans mes cheveux bruns. Certes je commence à avoir une petite bedaine…
Mais diantre, me proposer de m’asseoir, moi qui venais de passer 1h30 assis dans le TGV !

Je sais bien que dans quelques dizaines d’années je pesterai sur ces jeunes de 40 ans qui ne se lèvent pas par respect pour l’ancêtre que je serai.
Je sais bien que la jeune fille d’hier était juste bien élevée et voulait bien faire…
Mais diantre, me proposer de m’assoir, comme ça, en public !

Sans compter que sur le livre qu’elle lisait, un tampon mentionnait “Saint Antoine”. Certainement ce genre d’institution privée qui apprend les trop bonnes manières à nos jeunes !

Vous l’aurez compris, je ris de tout ça, et je remercie cette aimable demoiselle d’avoir voulu prendre soin de mon arthrose naissante.

Ceci dit, la prochaine fois que vous voulez offrir une place à quelqu’un dans les transports en commun, posez-lui donc cette question :

“Monsieur / Madame, vous sentez-vous assez jeune pour que je garde ma place ou souhaitez-vous que je reste assis par courtoisie pour éviter la mention de votre grand âge ?”

Résultat assuré.

janvier 28, 2018   7 243 lectures   1 commentaire

Des points de vie pour une bonne année !

Voilà, un cap bien symbolique est passé il y a quelques heures, à l’instant où l’aiguille de l’horloge passait, au moins en France, du 11h59 au minuit. 2016 est déjà bien entamée, et pour ma part elle a commencé avec bien du plaisir !

Nouvelle année, nouveaux projets, des aventures en perspective, et la nécessité de faire tourner la chance de son côté pour obtenir le meilleur de ce que notre quotidien peut nous offrir. C’est au moins ce que je vous souhaite, avec beaucoup de bonheur !


Pour ma part, cette année, je m’amuse. Afin de me motiver à améliorer mon quotidien qui tend parfois à se cristalliser dans un confort presque insipide, je mets en place pour 2016 la possibilité de gagner des points de vie.

Des points de vie ? Je vous propose de jouer avec moi ! Le principe est simple : chaque jour, en fonction des actions que vous réalisez, vous gagnez des points. Ces points ne servent à rien, ils montrent juste à quel point vous êtes vivant !

Voici une proposition de mon barème pour le début d’année :

  • Faire du sport plus de 15 mn : +2 points
  • Faire du sport plus de 60 mn : +5
  • Une journée de boulot : +3
  • Faire une vraie soupe : +3
  • Au moins 30 mn de rangement ou ménage : +2
  • Aller voir des amis : +3
  • Prendre l’apéro avec eux : +2
  • Rendre visite à sa famille : +3
  • Lire plus de 15 mn : +2
  • Lire plus de 60 mn : +5
  • Aller au cinéma ou à un concert : +3
  • Faire un carnaval : +10
  • Ecrire une idée à réaliser : +2
  • Ecrire un « kif » de la journée : +1
  • Sourire à un(e) inconnu(e) et avoir un sourire en retour : +1
  • Jouer au moins 15 mn de musique : +2
  • Méditer au moins 10 mn : +2
  • Faire une chose qui me fait peur : +10

Bien-sûr, ces règles sont modifiables, non exhaustives… Vous pouvez les adapter, en ajouter, en supprimer, modifier le gain. J’ai par exemple l’envie de me remettre au piano, d’où la ligne « jouer de la musique »…

J’ai bien pensé à mettre des points de vie à retirer, genre « un point perdu pour 60 mn de télé », ou « 2 points perdus si je ne sors pas de chez moi », mais pour l’instant je vais rester dans le positif… et voir si ça me porte au moins quelques jours.

Ainsi, par exemple, pour cette première journée , j’ai gagné : 2 points pour 20mn de marche sur la plage + 5 points pour un super nouvel an avec des amis + 5 points pour un deuxième nouvel an super avec d’autres amis + 2 points pour cet article (puisque j’y écris une idée) + 2 points pour mes quelques gammes au piano. Ma journée équivaut donc à 16 points de vie, ce qui est bien sympathique pour un lendemain de fête…

Edition du 2 janvier : mise en place d’un tableau excel en live pour calculer rapidement les points ^^.
Edition du 3 janvier : Fabye, signalée en commentaire, tient également son propre tableau excel ! D’autres aventuriers ?

Et vous, combien avez-vous vécu aujourd’hui ? J’attends vos comptes en commentaire ! :-)

janvier 1, 2016   7 804 lectures   15 commentaires

Tristesse infinie

« Dunkerque est en deuil. Hugo, tu es dans nos cœurs. Ma tristesse est infinie. » Ce sont ces mots du maire de la ville que j’ai envie de partager avec vous en ce triste dimanche.

Hier soir, match de hockey sur glace, l’équipe de D1 de Dunkerque reçoit Reims. Beaucoup de pression suite à un mauvais début de championnat, et de l’ambiance côté supporters. Comme d’habitude, le long du plexiglass, des adultes observent, commentent, encouragent, et des enfants se faufilent le long des vitres pour mieux voir ; ça bouge, ça chahute, ça tape, la vie quoi !

Et soudain, un palet qui sort du jeu. Un choc que je ne vois pas mais que je devine, vu les adultes qui se précipitent autour d’un enfant. La fanfare qui s’arrête. Quelques chants de supporters de l’autre côté subsistent (ils n’ont pas encore  perçu ce qu’il s’est passé), et un silence immense, glaçant, plombant, entoure la patinoire.

Des regards perdus, interrogateurs, résignés, mais on n’ose penser au pire. Les premiers secours sont donnés sur place, mais certains gestes et regards des personnes les plus proches, à quelques mètres de moi, laissent craindre le pire. Les secours arrivent, on évacue doucement la patinoire, silencieuse, incrédule… Certains visages sont en pleurs, d’autres ne trouvent que le silence pour commenter ce moment horrible. Les joueurs errent sur la glace, les regards n’attendent qu’un cri, un sourire, mais rien de tout ça. Juste un drap noir pour cacher le travail des pompiers qui devront faire repartir le coeur du petit Hugo.

L’enfant a été réanimé, puis transféré sur Lille. Mais ce matin, la terrible nouvelle tombe : Hugo a perdu la vie. 8 ans après l’avoir gagnée.

Horrible, injuste, incompréhensible, les mots me manquent pour qualifier cette tragédie pour un p’tit bonhomme qui venait juste faire la fête, voir le jeu qu’il aimait tellement et qu’il pratiquait lui-même… comme tant d’enfants, de jeunes et d’adultes présents ce soir-là !

Les mots ne peuvent rien changer, mais j’adresse toutes mes pensées à sa famille pour qui la vie bascule, à tous ses copains pour qui le prochain entraînement sans lui sera certainement très difficile. Je pense aussi à tous les supporters qui étaient là hier soir, près de lui, et qui ont certainement pleuré comme je l’ai fait. Enfin, je pense au club, aux joueurs, à celui qui a tiré et qui va porter difficilement la conséquence d’un geste qui n’avait rien de volontaire, à tous les parents de petits hockeyeurs qui ne pourront s’empêcher de s’identifier… et à toi, Hugo, parti bien trop tôt.

Veille sur tes copains, petit ange.

novembre 2, 2014   12 157 lectures   8 commentaires

Les casseurs de châteaux de sable

Cela ne vous a certainement pas échappé, il n’a pas fait très beau ces derniers jours (et encore, c’est un euphémisme pour dire qu’il a fait un temps pourri).

J’ai la chance d’habiter en station balnéaire, face à la mer. Des ouvriers municipaux assurent quotidiennement la propreté et la sécurité de la plage, surtout en cette période touristique. Ainsi, chaque matin, un tracteur passe pour ratisser le sable et ramasser les déchets que les touristes de la veille auraient malencontreusement oublié.

Il faut croire que par ce mauvais temps, on ne sait quoi donner comme ouvrage à ces ouvriers. Tenez-vous bien : il y a 3 jours, à mon réveil, un bulldozer s’occupait d’une tâche bien délicate, détruire les châteaux de sable !

Consciencieusement, l’agent municipal reculait, avançait, creusait, égalisait, pour faire disparaître quelques tas et pâtés de sable.
J’imagine la mine déconfite des bambins qui avaient passé leur journée à imaginer, creuser, modeler, mouler des trous, des tours, des pyramides ou des tunnels et et qui voyaient à travers la vitre de leur appartement de vacances ce bulldozer accomplir ces méfaits !

Bien-sûr, on m’objectera qu’il faut bien occuper les saisonniers embauchés par la commune, et que des trous dans le sable sont certainement dangereux pour les gens qui se promèneraient pendant la nuit… ou encore que le tracteur qui ratisse est gêné par les bosses et les trous. Mais quand même, si on pouvait utiliser mes impôts locaux d’une autre manière, cela me paraîtrait beaucoup plus saint.

Allez, chers amis qui donnez des ordres aux bulldozers destructeurs, avec l’argent économisé par l’essence, je vous propose d’acheter le sourire des enfants au réveil !

août 24, 2014   6 639 lectures   2 commentaires

Nos mamans

Il a fallu plusieurs mois pour que tu me parles de ta maman. Elle était morte à ta naissance, et j’avais l’impression de lire dans tes yeux humides une sorte de responsabilité coupable… Tu ne t’en rends pas compte, mais tu n’y es pour rien, petit bonhomme, d’être né, sans elle, à cette vie que tu croques à pleines dents.

Tes coups de colère, tes bêtises, tes mots blessants prononcés trop vite, faisaient ressortir cette culpabilité. Si tu savais comme tu m’as ému le jour où tu m’as avoué, en sanglotant, ton impuissance à t’améliorer, comme si après avoir perdu ta maman, tu provoquais de façon involontaire la perte de ceux qui t’entourent.

Alors ce soir, en voyant tes sanglots prolongés et le chagrin de quitter tes « nouveaux » copains et ton maître, tu m’as forcément remué. La séparation est toujours difficile, surtout après une année passée à établir une relation de confiance, de sourires, de curiosité…

Cette fois encore plus, les circonstances étaient particulières : moi aussi, j’ai perdu ma maman. C’était la semaine dernière. Mon histoire était reliée à la tienne par le hasard d’un cœur balbutiant. J’ai connu et aimé la mienne pendant 37 ans. Je n’ai pas voulu t’en parler, tu n’as même pas connu la tienne. Et pourtant, du haut de tes 6 ans, tu m’as montré plus d’une fois que tu l’aimes comme si elle était auprès de toi chaque jour.

La tristesse du temps qui passe est-elle si particulière qu’elle s’abat sur nous au moment où une période s’arrête, et non au fil des secondes passées ? La vie serait bien triste si nous pleurions sur chaque minute passée ! Au contraire, nous les savourons, nous en jouissons le plus possible… et le spleen arrive lorsqu’on se retourne sur le bon temps qui semble se terminer.

Ce soir, si tu avais les lèvres salées, inondées par tes larmes non retenues, j’ose croire que c’est parce que tu as vécu pleinement cette année scolaire. Les joies et les plaisirs passés ne sont pas perdus, au contraire, ils font fructifier la suite à la lumière de quelques heures partagées. C’est ce que je te souhaite,  à toi qui a été comme mon petit frère le temps de quelques mois : prends soin de toi et de ceux dont tu t’entoures, nos mamans veillent sur nous.

juillet 4, 2014   7 430 lectures   10 commentaires

J’ose le dire : j’aime mes vacances.

Je vous mets dans le contexte : je suis instit.

Là, dans votre tête, un flot d’images passe : la blouse grise de l’instituteur de l’ancien temps, un homme respecté du village. Puis très vite s’estompent ces images jaunies pour laisser place à celles beaucoup plus actuelles de ces paresseux de fonctionnaires, toujours en vacances, souvent en grève, en train de se plaindre de leurs conditions : les parents ceci, le ministre cela, l’inspecteur blabla, les syndicats gnangnan, et les enfants, ce n’est plus c’que c’était… Bref, le mode « café du commerce » avec une teinte de « hein, ma bonne dame… ».

La réalité ? Elle n’existe pas. Il y a des réalités.

Ces jours-ci, une annonce a été faite par le Ministre de l’Éducation Nationale pour reporter la journée de pré-rentrée prévue initialement le 29 août. Cela a été présenté dans les médias comme une demande des enseignants (depuis, ces-derniers ont crié, ô grand jamais, qu’ils n’avaient pas réclamé de ne pas travailler en aôut…), puis affiché comme une nécessité informatique de début de contrat (vous comprenez, on a survécu au bug de l’an 2000, mais on a peur du passage du 31 août au 1er septembre pour quelques fonctionnaires).

Le message qui est retenu au niveau global : « les enseignants sont tous des fainéants, il refusent de travailler en août ». Pour beaucoup de professeurs, ce fut une ombre à leur image : on les présente encore comme des paresseux toujours prêts à pinailler sur des détails, surtout quand il s’agit de leur avantage principal, les vacances !

Eh bien souffrez, ou jouissez, à votre convenance, que j’enfonce un peu le clou dans ce sens : je suis ravi de cette journée supplémentaire de vacances. Les mois de juillet et d’août sont des pépites dont je savoure, depuis ma tendre enfance, les instants ensoleillés, reposés, insouciants, déconnectés de l’école… Alors nous faire reprendre un vendredi 29 août, c’est un peu comme finir un puzzle dont il manque une pièce, ou retirer un demi-point à un 20/20… Il manque quelque chose qui agit sur l’ensemble du tout.

Je suis très heureux de cette préservation de mon mois d’août, et je paierai consciencieusement ma journée due, moi le pauvre enseignant à qui on a déjà raboté par petites doses mon beau mois de juillet (a)doré.

Arrêtons donc, dans la profession, de vouloir nous affranchir des clichés. Tous mes collègues, et moi le premier, aimons les vacances prolongées, les récréations au soleil, les élèves calmes au travail, les parents souriants de voir leur enfant heureux. Ce n’est pas pour cela qu’on est paresseux, et que pendant la récréation (ensoleillée), on n’est pas en train de trouver une solution pour le petit Kévin qui perd pieds dans sa classe… Ce n’est pas non plus pour ces raisons que lorsqu’on rencontre des problèmes de fatigue, de communication, de réussite des élèves, de gestion de groupe, on ne se démène pas pour faire correctement notre métier.

D’ailleurs, à tous ceux qui envient ma situation professionnelle, osez le concours ! C’est facile d’entrer, paraît-il, et l’Éducation Nationale recrute…

Ah, sinon, pour le détail : certes, je suis ravi d’être encore en vacances le 29 août, mais je serai ce jour-là en tong et en short, dans ma classe, pour préparer mes étiquettes, mes affiches et mon matériel…

mai 17, 2014   3 245 lectures   6 commentaires

Je n’ai pas pleuré

Ce soir, c’était ma dernière journée de classe de l’année.

Cent quarante-quatre jours à ouvrir les rideaux, à brancher l’ordinateur, à surveiller la cour, à faire des lacets, à écrire la date au tableau, à demander le silence, à tailler des crayons, à consoler de gros chagrins vite oubliés, à corriger des exercices réussis, à ranger mon bureau, à sourire d’un bon mot, à inventer des situations motivantes, à imposer des séances harassantes, à demander à qui appartient ce crayon ou ce manteau oublié, à demander de ranger ses affaires, à ramasser les affaires non rangées, à se rassembler au tapis, à lire des histoires lues déjà 10 fois, à s’émerveiller de la vitesse de lecture de chaque élève, à rouspéter sur le manque soin de chaque enfant, à faire des petits « coucous » à travers les vitres aux anciens élèves, à manger du chocolat à chaque anniversaire, à trouver la classe vraiment trop énervée, à trouver le groupe vraiment trop mou, à bailler, à éclater de rire, à chercher ma connexion Internet, à tweeter…

Et là soudain, sans crier gare, le silence. Lourd. Pesant. Solitaire.

Pourtant, ce que je retiens, ce sont ces dernières minutes, à 16h20, où chaque enfant m’écoute attentivement. Je sens dans leur regard et leur attention après une journée très ludique et bien remplie de jeux, de danses, de musiques et de soleil, que je suis leur « maître », et qu’ils boivent mes paroles comme du petit lait.

Mes chers enfants, s’il n’y a qu’une chose à garder du CP, au-delà d’avoir appris à lire, à compter, à réfléchir, c’est cette petite phrase : « Joyeux, et sans souci » .

La reprise en choeur de la fin du dicton, et les sourires rayonnants sur les mines déconfites par les dernières minutes communes, m’ont convaincu que le message était bien passé.

Alors non, je n’ai pas pleuré. Mais là, dans ma classe vide et dépouillée, mon coeur pleure tout bas.

juillet 6, 2013   2 981 lectures   9 commentaires

L’ennui, ce luxe.

Je sors de 15 jours de vacances. Non, pas ces moments réservés à l’avance auprès d’une agence de voyage, minutés et programmés pour s’occuper et se dépayser, mais de vraies vacances, du repos !

Je n’arrive pas à expliquer le pourquoi, mais ces vacances étaient presque vierges de tout programme. Il y avait bien quelques rendez-vous programmés de longue date, mais dans l’ensemble, j’en ai vraiment profité pour … ne rien faire !

Je me souviens, quand j’étais petit, il m’arrivait de m’ennuyer. Parfois, « pour du faux », juste parce que j’avais une idée en tête. L’ennui apparaissait aux yeux de mes parents comme un argument pour faire ce que je désirais.

« Maman, je m’ennuie… Je peux aller chez Kévin ? »

Croyez-moi, ça marchait souvent. Au pire, il fallait ajouter un subtil « Papa est d’accord ».

Puis il y avait aussi le vrai ennui, celui dont je ne me plaignais pas : ces moments où il n’y avait rien à faire, et où je passais le temps simplement à lire une BD, à regarder les nuages allongé dans l’herbe ou à jouer avec mes petites voitures. Ah le bon temps !

Ces vacances, j’ai eu l’impression de retrouver un peu cet ennui bénéfique, celui du temps disponible, non compté. Traîner devant l’ordi ? Possible ! Regarder des téléfilms idiots sur M6 en milieu d’après-midi ? Possible ! Lire des BD ? Bien-sûr ! Regarder les nuages, allongé dans le sable après une bonne balade à vélo ? Fait ! Rassurez-vous (ou non), je n’ai ressorti ni mes legos, ni mes trains électriques…

Pourquoi cet ennui me semble-t-il si précieux ? Il permet au corps de suivre son rythme naturel, à l’esprit de vagabonder là où il n’a pas le temps d’aller le reste de l’année, et au cerveau de se déconnecter quelques temps des exigences extérieures trop importantes.

Alors après des vacances tellement ennuyeuses, me voilà prêt pour reprendre le rythme effréné du quotidien, parfois presque irrespirable. A vrai dire, je suis bien motivé à retrouver des occupations variées et passionnantes, mais aurais-je encore le temps de m’ennuyer parfois lorsque la classe aura repris ?

Si vraiment je n’y arrive pas, j’ajouterai à mon emploi du temps 5 minutes d’ennui obligatoire en classe, car si l’école n’apprend pas aux enfants à s’ennuyer, qui le fera ?

Et vous, vous arrive-t-il de prendre plaisir à l’ennui ?

avril 28, 2013   3 534 lectures   6 commentaires

Les bienfaits de l’alcool

On lit souvent des articles alarmants sur les méfaits de l’alcoolisme. Je ne vais pas nier la gravité de ce phénomène, l’alcool peut rendre dépendant, peut rendre violent, peut tuer. Non, là n’est pas mon propos. Je vous parle de l’alcool qu’on savoure, de celui qu’on prend avec des amis…

Je ne vous parle pas non plus de mauvais alcools, ceux qui font tourner la tête après la grimace d’un passage forcé dans le gosier. Non, je vous parle de ces arômes, de cette fraîcheur, de cette beauté dans un verre adapté, de ces odeurs que peuvent dégager ces apéritifs, bières, vins ou digestifs de tous genres. Amis de la Kronembourg ou de la 1664, passez donc votre chemin.

Contrairement à l’industrie du tabac, les fabricants d’alcool sont généralement des passionnés : amoureux des terroirs, amateurs du patrimoine gastronomique, défenseurs du travail de plusieurs générations… et parfois même communautés spirituelles (il suffit de goûter quelques bières trappistes pour vouloir se convertir…).

Si je me permets ce court billet pour vanter les bienfaits de l’alcool, c’est parce que je pense qu’on n’en profite pas assez pour créer et réinventer notre vie quotidienne. J’aime assez cette image qui dit que les premières gouttes d’alcool « ouvrent le cerveau ». Cette sensation du premier verre, qui vous met juste en joie, sans vous faire perdre votre lucidité, cette impression de planer légèrement mais sans quitter tout-à-fait le sol, c’est celle-là qu’il faut s’approprier.

Dans mon métier d’enseignant, nous manquons cruellement d’idées pour faire évoluer le monde de l’éducation. On organiserait en équipe d’établissement quelques réunions pédagogiques bien arrosées (au sens de la qualité, pas forcément de la quantité), je suis sûr qu’on prendrait des décisions étonnantes, dont certaines seraient porteuses de fruits en termes d’apprentissages. Il ne s’agit pas de laisser faire n’importe quoi à cause de l’alcool, mais juste d’ouvrir un peu nos façons de penser…
De même, certaines entreprises feraient des économies à fournir quelques bonnes bouteilles à leurs équipes, plutôt que de payer des « créatifs » qui n’ont aucune connaissance locale des besoins, et qui pourtant spéculent sur les innovations qui seraient, selon eux, les plus porteuses de rentabilité.

J’entends déjà les buveurs d’eau dire que ce serait dangereux, qu’avec l’alcool on pèserait mal le pour et le contre de chaque décision. Justement, c’est ce qui fait défaut dans notre manque d’innovation : en France notamment, nous avons le chic pour chercher tous les freins qui pourraient s’opposer à la réussite d’un projet avant même de le lancer. Et si au lieu d’analyser les freins, on essayait de pousser les murs, de dépasser les limites la plupart du temps artificielles ou « admises culturellement » ?

Et si quelques décisions prises en équipes un peu éméchées nous permettaient d’explorer d’autres voies que celles utilisées habituellement ?

Un beau rêve qui ne se réalisera pas dans la mouvance actuelle du « tout mauvais » et « tout modération » que nous subissons à propos des petits plaisirs de la vie.

Cependant, si quelques collègues veulent tenter l’aventure et organiser des apéros pédagogiques, je veux bien venir avec quelques bouteilles !

mai 26, 2012   9 516 lectures   3 commentaires

Lettre ouverte à ceux qui disent « Ce n’est pas ça la vie ! »

Voilà une phrase qu’on me sort souvent, quand j’essaie de prévoir de quoi sera fait le lendemain : « ce n’est pas ça, la vie ». Et croyez-moi, cette phrase, je ne l’ai pas entendue qu’une fois, ni d’une seule personne, je pense même que mon cerveau me la chuchote pernicieusement.

Nos actions d’aujourd’hui ne conditionnent-elles pas les réalités de demain ? Cela semble évident, même si les choix individuels ne reflètent pas forcément l’action collective. En ce sens, je rejoins parfaitement cette citation de Ghandi, souvent partagée en ce début d’année sur divers médias et réseaux sociaux : « sois le changement que tu veux voir dans le monde ».

Une ritournelle nauséabonde

Ces dernières semaines, les exemples dans ma vie d’enseignant ont été nombreux :

  • Sur la nécessité de passer moins de temps à évaluer et à classer les élèves, pour passer plus de temps à apprendre, on me répond : « ce n’est pas ça la vie ! Au collège ils sont classés, ils doivent avoir le bac, dans l’entreprise ça sera le meilleur qui sera choisi ».
  • Sur la nécessité de faire entrer des pratiques numériques d’apprentissage dans les familles, on me répond : « ce n’est pas ça la vie ! Les enfants ont d’autres choses à faire à la maison que de lire des documents sur des clés USB ou d’apprendre des leçons sur Internet…« .

Mais également dans ma vie personnelle :

  • « Arrête d’être toujours optimiste, ce n’est pas ça la vie. Tout n’est pas si facile, il y a des problèmes ». Certes. Sauf qu’à trop mettre le nez dans les problèmes, on en devient incapable de trouver des solutions, ou d’au moins y croire.
  • « La société va mal, les gens sont méchants. Croire en l’autre, ce n’est pas ça la vie ». Certes. Sauf que si on perçoit l’autre comme mauvais, on sera incapable d’y trouver une perle de bonté et d’améliorer la qualité relationnelle de notre société…

Croire, espérer… pour avancer !

Au Moyen-Age, le savant perse Rhazès, médecin et philosophe, a eu l’idée d’utiliser l’alcool et le mercure à des fin thérapeutiques. Aurait-il trouvé ces applications inattendues si on lui avait dit : « ce n’est pas ça la vie, l’alcool c’est néfaste, le mercure, c’est dangereux… » ?

Cette phrase « ce n’est pas ça, la vie », sous des allures de pragmatisme et de réalisme, tue dans l’oeuf toute possibilité d’innovation. Par essence, cette dernière vit de l’expérience, des essais et des erreurs. Si on part du principe que notre quotidien doit produire un futur identique au présent, alors la création, l’imagination, l’amélioration n’existent plus…

C’est donc avec un peu de retard que je nous souhaite pour 2012 la capacité d’aller au-delà de nos schémas actuels et d’oser changer. Qu’on puisse dire, avec passion et espoir : « ce sera peut-être ça la vie ! »

janvier 21, 2012   3 557 lectures   6 commentaires