Le blog d’un instit en week-end ou en vacances…
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Nos mamans

Il a fallu plusieurs mois pour que tu me parles de ta maman. Elle était morte à ta naissance, et j’avais l’impression de lire dans tes yeux humides une sorte de responsabilité coupable… Tu ne t’en rends pas compte, mais tu n’y es pour rien, petit bonhomme, d’être né, sans elle, à cette vie que tu croques à pleines dents.

Tes coups de colère, tes bêtises, tes mots blessants prononcés trop vite, faisaient ressortir cette culpabilité. Si tu savais comme tu m’as ému le jour où tu m’as avoué, en sanglotant, ton impuissance à t’améliorer, comme si après avoir perdu ta maman, tu provoquais de façon involontaire la perte de ceux qui t’entourent.

Alors ce soir, en voyant tes sanglots prolongés et le chagrin de quitter tes « nouveaux » copains et ton maître, tu m’as forcément remué. La séparation est toujours difficile, surtout après une année passée à établir une relation de confiance, de sourires, de curiosité…

Cette fois encore plus, les circonstances étaient particulières : moi aussi, j’ai perdu ma maman. C’était la semaine dernière. Mon histoire était reliée à la tienne par le hasard d’un cœur balbutiant. J’ai connu et aimé la mienne pendant 37 ans. Je n’ai pas voulu t’en parler, tu n’as même pas connu la tienne. Et pourtant, du haut de tes 6 ans, tu m’as montré plus d’une fois que tu l’aimes comme si elle était auprès de toi chaque jour.

La tristesse du temps qui passe est-elle si particulière qu’elle s’abat sur nous au moment où une période s’arrête, et non au fil des secondes passées ? La vie serait bien triste si nous pleurions sur chaque minute passée ! Au contraire, nous les savourons, nous en jouissons le plus possible… et le spleen arrive lorsqu’on se retourne sur le bon temps qui semble se terminer.

Ce soir, si tu avais les lèvres salées, inondées par tes larmes non retenues, j’ose croire que c’est parce que tu as vécu pleinement cette année scolaire. Les joies et les plaisirs passés ne sont pas perdus, au contraire, ils font fructifier la suite à la lumière de quelques heures partagées. C’est ce que je te souhaite,  à toi qui a été comme mon petit frère le temps de quelques mois : prends soin de toi et de ceux dont tu t’entoures, nos mamans veillent sur nous.

10 commentaires

1 catherine MM { 05.07.14 à 7:26 }

Pfouh ..tu es dure avec les personnes hyper sensibles comme moi…en cette fin d’année scolaire où se mêlent la fatigue extrême , les rires, les chutes de cour, les rangements, le speed de fin de trimestre et de rangements de classe. C’est une merveille ton texte. Bonnes vacances et beaucoup de repos et de sérénité
.

2 JR { 05.07.14 à 9:14 }

Merci Catherine pour ton commentaire… C’est vrai que cette fin de période a toujours une saveur très spéciale. Le temps des vacances en est d’autant plus apprécié pour se « recharger » ! Bonnes vacances !

3 Smenut { 05.07.14 à 9:57 }

Les fins d’année sont toujours particulières, mais que de tristesse et de mélancolie pour celle ci en particulier…
La pause estivale va permettre de se ressourcer un peu … enfin j’espère…
Toutes mes cyber-pensées…
Bon repos

4 Camatt { 05.07.14 à 10:57 }

Merci pour ce très beau texte qui résonne particulièrement en moi en ce moment. Toutes mes pensées vous accompagnent…Bel été!

5 JR { 06.07.14 à 10:04 }

Merci pour vos petits messages de réconfort. Bel été à vous 2 aussi !

6 Sylvie { 06.07.14 à 14:41 }

Quel texte magnifique et quelle émotion !! de tout coeur avec toi, je t’envois plein de pensées positives !! et bonne chance a ce petit garçon ….. que la vie lui soit plus facile !

7 Ravier { 06.07.14 à 21:42 }

Merci pour ce témoignage qui me parle puisque c’est en juin que ma maman s’est éteinte….
Les derniers jours de classe sont toujours empreints d’une nostalgie que la saveur des vacances n’efface pas….

8 ptiprince { 07.07.14 à 5:19 }

J’ai connu ça aussi, à l’époque où j’enseignais en maternelle et où un enfant de 5ans est venu me confier, à moi, simple petit instit, certaines douleurs qui dépassent la douleur physique et qui faisaient écho à ma propre expérience. Nous ne sommes pas des machines, nous sommes enseignants oui mais avec un coeur. Cet enfant m’a touché, tout comme toi, il m’a marqué à vie. Nos chères têtes blondes arrivent à l’école avec un passé, un vécu mais nous aussi. Et quelques fois tout cela se mèle. C’est normal, nous sommes justes humains. Je te souhaite de bonnes vacances. Toutes mes pensées amicales t’accompagnent.

9 JR { 07.07.14 à 22:57 }

Merci pour vos commentaires très touchants ! En effet, nous sommes des humains avant d’être des enseignants… et c’est là tout le plaisir de notre métier : travailler sur l’humain, former des esprits, donner des pistes pour vivre mieux ensemble et avec soi même…

10 annemarie13 { 13.07.14 à 17:46 }

J’ai été très émue par ton texte. J’ai la chance d’avoir encore ma maman, mais elle est très âgée et elle devient de plus en plus fragile. Je sais qu’il faut profiter des moments heureux quand il n’est pas encore trop tard. Bonnes vacances à toi.