Le blog d’un instit en week-end ou en vacances…
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Les instits, ces râleurs !

Comme vous le savez peut-être, je suis instit. Et c’est un plaisir pour moi de faire ce métier.

Pourtant, je fréquente beaucoup d’enseignants (de la Maternelle au Lycée) qui semblent passer leur temps à râler sur la moindre chose, et je pense que vous devez partager cette observation, au moins par le biais des médias.
Un nouveau ministre ? ça râle ! Des nouveaux programmes ? ça râle ! Un élève malade dans la classe ? ça râle ! Un parent qui demande un rendez-vous ? ça râle ! Un changement d’horaire ou un planning pas évident ? ça râle !
Pire. La possibilité de s’occuper en petit groupe d’enfants en difficulté avec la mise en place du soutien ? ça a râlé ! Le versement d’une prime pour les enseignants qui ont fait passer des évaluations nationales obligatoires ? ça a râlé ! La possibilité de faire des « heures sup » pendant les vacances ? ça a râlé !

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Je m’interroge vraiment sur le sens profond de ce mécontentement. Je veux bien croire qu’il y ait des circonstances lors desquelles les réclamations soient justifiées (fermeture de poste, surcharge de classes, difficultés face au comportement de certains élèves…), mais pourquoi faire ce métier si c’est pour en critiquer systématiquement l’essence ?

Je pense en fait que cette impression de mécontentement permanent vient d’une somme de petites critiques particulières. On peut compter dans ces critiques celles d’ordre politique, celles à mettre sur le compte de la fatigue (car lorsqu’on n’est pas en vacances, c’est quand même crevant, ce métier…), les critiques face à l’impuissance qu’on peut avoir dans notre classe (gestion du groupe, de l’individu, de l’apprentissage), et j’en oublie certainement quelques-unes. Toutes ces contrariétés, mises bout à bout, font de l’Enseignant, avec un grand E, non seulement un râleur compulsif, mais en plus un râleur à qui les observateurs ne donnent aucune justification, lorsqu’ils étudient les points positifs du métier.

Bon, j’ose croire que les râleurs sont ceux qui font le plus de bruit, et qu’il y a, comme dirait l’autre, derrière les mécontents, des enseignants dont on n’entend pas parler dans les médias car leur métier leur convient. Puis il y en a certainement quelques-uns qui ne sont pas à leur place, ou qui ont gardé une mauvaise expérience de l’école depuis leur jeunesse, et qui gagneraient sur le plan personnel à tester un autre métier !

Eh bien souffrez que pour moi, je dise haut et fort que j’aime mon métier ! Et si je pouvais faire parfois ouvrir les yeux à d’autres sur les petits bonheurs de mon quotidien d’instit, ça serait avec plaisir !

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Une petite liste non exhaustive de ce que j’apprécie :

  • J’ai plein de vacances, et les vacances, c’est la possibilité de faire une vraie coupure !
  • J’ai des pauses pour récupérer mon sommeil le mercredi, le samedi et le dimanche  ;
  • J’ai la sécurité de l’emploi ; si ma classe ferme, on m’assure un poste ailleurs ;
  • J’ai la sécurité du salaire ; si c’est la crise, je suis payé quand même…
  • J’ai surtout la chance de travailler sur de l’humain : les enfants, bien-sûr, dont on émoustille si facilement la soif d’apprendre, mais aussi les collègues, avec qui le travail en équipe peut être si enrichissant, les parents d’élèves, qui retrouvent à l’école les souvenirs transposés de ce qu’ils ont vécu dans leur jeunesse ;
  • Contrairement aux apparences, il y a peu de routine dans ce métier : chaque journée est imprévisible, chaque enfant réagira différemment, chaque année scolaire, même sans changer de niveau, est une nouvelle aventure ;
  • J’ai une liberté extraordinaire pour faire passer le contenu de l’instruction, et l’invention pédagogique fait partie des choses les plus passionnantes du métier…

Bon, volontairement, je ne ferai pas la liste de ce qui me déplaît dans ce métier, j’aurais trop de mal à trouver le premier point. :-)

On dit souvent que l’optimiste voit le verre à moitié plein, et que le pessimiste le perçoit à moitié vide. Pour ma part, non seulement je me mets dans la première catégorie, mais en plus j’ai le sentiment que mon verre se remplit au fur-et-à-mesure que j’avance dans ce métier !

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Et vous, de quelle manière votre verre est-il rempli ?
Quelle image avez-vous du monde enseignant ?

9 commentaires

1 Isa { 20.08.09 à 16:43 }

JR, tendre rêveur, qui continue de croire que sa liste de points positifs sera pérenne…

2 Isa { 20.08.09 à 16:51 }

Pis tiens je vais arrêter de râler, je m’en fiche, je suis bientôt à la retraite. Toi qui est jeune, tu râleras peut-être dans 20 ans contre les anciens qui n’ont pas râlé assez fort aujourd’hui.

3 JR { 20.08.09 à 17:19 }

Justement non, je me refuse à râler parce que ça fait partie du métier. Puis ça n’est vraiment pas dans ma nature… J’ai été élevé au son de « c’est celui qui est gêné qui bouge », alors j’applique partout, si quelque chose me déplaît, je vais voir ailleurs si j’y suis… ^^

Bon, puis redouter l’avenir (à propos de la pérennité de ma liste), c’est laisser un peu échapper le bonheur présent non ? Ce billet va bien plus loin que la lorgnette sur le boulot d’instit, il montre mon étonnement et mon incompréhension face à ceux qui se plaignent constamment.

4 Isa { 20.08.09 à 17:33 }

Moi aussi j’ai bougé, beaucoup, quand j’étais jeune et que j’avais pas de mômes à nourrir et que je n’avais que ma petite personne à considérer.
Puis il y a le cran ou les crans au-dessus du simple « râlage » qui pourraient te déconcerter bien plus gravement, surtout quand plus aucune structure ne semble en mesure de les organiser dans un climat relativement serein.
Revois 1789, 1848, ou 1917 sous d’autres longitudes.
Ou bien 1933 de l’autre côté de la ligne bleue des Vosges, une autre facette.
Et puis tu sais, il n’y a pas que les instits qui râlent, fort heureusement.

5 T. { 20.08.09 à 17:34 }

Çà fait plaisir de lire cet article en mettant en avant ce que tu aimes dans ton métier et sur le fait qu’il faut un moment arrêter de râler tout de temps de manière systématique. Je suis complètement d’accord avec le « c’est celui qui est gêné qui bouge ».

Ce que je trouve juste un peu dommage, c’est que tu mettes les avantages en nature de ton métier (vacances, temps libre, salaire, garantie de l’emploi) avant ce qui te passionne pour ce métier… Juste car je pars du principe que l’on choisit d’abord un métier pour ce qu’il est en lui-même avant les différents avantages en nature (qui sont évidemment important).

6 JR { 20.08.09 à 17:58 }

@Isa : je ne suis pas certain que le fait d’avoir une famille en charge change ma vision négative ou positive du métier. Je parle bien des mécontentements permanents concernant les choses très concrètes du métier d’instit, telles que je les montre dans mes exemples… pas de la critique du prix de la vie ou des journées surchargées pour cause d’organisation familiale.
Quant au climat de révolution, je n’irais quand même pas jusque là… A la rigueur, je préfère ceux qui se bougent vraiment, qui veulent améliorer les choses (y compris par la révolution) à ceux qui râlent parce que c’est à la mode dans la corporation…

@T. : à vrai dire, j’ai longuement hésité à changer l’ordre, et du coup, tu me mets le doute. Le fait de mettre en avant les points très matériels se voulait une réponse aux critiques permanentes qui portent justement sur le plan matériel. Du coup, je vais éditer mon post et ajouter un « surtout » sur mon 5e point.

La prochaine fois, je posterai sur le thème : « Dans le fond, les râleurs, je les aime aussi ».
;)

7 Annie { 21.08.09 à 10:13 }

si je faisais ce métier par obligation, 30 ans après, je ne le ferais plus ! tu connais une instit’ de 50 ans qui n’a pas envie de partir en retraite ! c’est moi !!!!!

8 chris { 24.08.09 à 17:27 }

Que cela fait plaisir à lire ! Je me retrouve completement dans ton article. J’aime mon métier . Même si parfois je suis fatiguée je me dis que l’on a de la chance pour toutes les raisons que tu cites. ( j’ai travaillé dans le privé dans d’être prof des écoles et je viens d’une famille de commerçants, je peux faire le parallele.)
Cependant si personne n’avait jamais ralé, nous n’aurions certainement pas nous prévaloir de ces avantages.

9 Prof Timbré { 09.09.09 à 11:10 }

Et la petite lueur dans les yeux de ceux qui ont compris ?

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